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How I met Europe
4 janvier 2011

Leipzig

Le lendemain la guichetière râle un peu parce que mon billet date de la veille et que visiblement elle n'est pas au courant que tous les trains de la soirée ont été annulés mais elle finit par me laisser l'utiliser sans me faire payer de supplément. Manquerait plus que ça ! Je finis donc par arriver à Leipzig et la série continue : Kristin m'envoie un message en me disant de prendre un taxi puisque plus aucun tram ne circule dans son quartier à cause de ... la glace qui bloque les aiguillages. Rappelez-moi de ne plus jamais voyager en période de neige.

Cette semaine à Leipzig passe assez vite. Nous ne sortons pas beaucoup à cause du froid mais nous faisons quand même une petite balade dans le centre ville en flânant au milieu des désormais incontournables marchés de Noël (et hop, un sac de toffees  et un petit pain fourré à ce qui ressemble à de la raclette), un petit tour dans l'église Saint-Thomas qui est celle où Jean-Sébastien Bach a composé la plus grande partie de son oeuvre religieuse et où évidement on entend sa musique en boucle, ce qui n'est pas pour me déplaire. C'est aussi depuis cette église que partaient les manifestations qui ont mené à la révolution pacifique d'automne 1989. Mais surtout, et pour rester dans le thème, le musée que je voulais absolument visiter, celui à cause duquel je voulais venir à Leipzig avant même que Kristin n'y emménage : le musée de la Stasi.

Inculte que je suis, je n'avais jamais entendu parler de la Stasi avant cet été où en Estonie je suis tombée par hasard sur un livre nommé Stasiland. Ce livre a été écrit par une Australienne qui a mené l'enquête dans l'ancienne Allemagne de l'Est 10 ans après la chute du Mur et qui y a regroupé tous les témoignages qu'elle a pu recueillir, aussi bien de victimes du régime, rebelles convaincus ou citoyens lambda, que d'officiels ou d'informateurs non officiels, enrôlés de force ou partisans convaincus. Un bouquin qui nous a fascinés et qui nous a ouvert les yeux sur ce qui se passait réellement en RDA. Avant de le lire je pensais naïvement que les Allemands étaient sous le joug des Russes qui dirigeaient le pays d'une main de fer. Alors que bien que le Parti Communiste ait effectivement eu l'appui de l'URSS, c'étaient bien des Allemands qui avaient le pouvoir.

Nous voilà donc au Runde Ecke, ancien siège de l'administration de la Stasi pour le district de Leipzig, qui abrite le musée. Je retrouve tout ce que j'avais lu dans le livre mais c'est différent de le voir en vrai. La surveillance quasi-permanente par exemple : le ratio surveillant / surveillé était, en incluant tous les informateurs non officiels, 10 fois plus important en ex-RDA (qui n'avait de démocratique que son nom) qu'en ex-URSS  et 100 fois plus important que dans l'Allemagne nazie ! Les lignes téléphoniques étaient sur écoute, le courrier en interne était intercepté et lu de manière aléatoire alors que tous les échanges sans exception vers la RFA et plus généralement vers les pays étrangers étaient minutieusement surveillés. D'où une blague qui circulait à l'époque en RDA :

Un petit garçon envoie une lettre à sa grand-mère qui vit en Allemagne de l'Ouest : "Chère grand-mère, merci pour le revolver, je l'ai enterré dans le jardin". Quelques jours plus tard, il lui envoie une autre lettre : "Chère grand-mère, c'est bon, tu peux envoyer les bulbes de tulipes, les Stasi ont retourné le jardin".

Le reste de mon séjour se passe entre le visionnage de films, les jeux de cartes avec mon amie et ses colocs et l'échange de bons procédés culinaires : la galette des rois contre un pain de viande à l'allemande par exemple. Je n'aurais jamais cru que la galette des rois était inconnue en Allemagne et grâce à l'émission Karambolage (sur arte) j'ai aussi appris qu'ils ne connaissaient pas Sophie la girafe, ce que m'a confirmé Kristin (qui m'a fait découvrir l'émission). Incroyable ! C'est aussi ici que je découvre la saucisse Knacki crue pour le goûter...

galette

Mais c'est déjà l'heure de retrouver Yohan en Autriche. Évidemment le jour de mon départ le covoiturage prévu est annulé pour cause de neige, les horaires de trams sont chaotiques et, pris de court, les taxis sont débordés. J'arrive à la gare in extremis pour acheter un billet de train et sauter dans celui qui est garé sur le quai indiqué sur mon billet avant de me rendre compte que ce n'est pas mon train, qui a été déplacé. Je redescends sur le quai mais c'est trop tard, je dois changer de train. Pas de problème de ce côté-là, sauf que j'ai 4 correspondances, qu'on a de nouveau droit à une tempête de neige et que ma dernière expérience des trains allemands sous la neige ne me met pas en confiance. Je préfère appeler Yohan pour lui demander de s'approcher de la frontière allemande pour m'éviter la dernière correspondance que j'ai très peu de chances d'avoir si au moins l'un des trains est en retard.

Le 1e train arrive à l'heure mais je rate tous les trains intermédiaires et après avoir passé la journée dans le train le dernier a 90 minutes de retard. Quand je pense qu'on se plaint de la SNCF... Je suis près de la frontière autrichienne, Yohan ne doit pas être loin donc je lui demande s'il peut pousser un peu plus loin, je n'en peux plus. En attendant je discute avec une dame très gentille qui attend le train en retard et qui parle à peu près toutes les langues. Elle m'explique que dans sa jeunesse elle a beaucoup voyagé et qu'elle a vécu quelques années au Brésil, au Mexique, en Chine et dans d'autres pays que j'ai oubliés. Elle s'intéresse à notre voyage. Je lui parle du couchsurfing, du covoiturage et de toutes les astuces que nous avons pu utiliser grâce à internet. Au final un employé de la gare la redirige vers un autre train et nous nous séparons difficilement, ravies de cette jolie rencontre.

Les photos arriveront plus tard car il s'agit du 2e appareil photo et je n'ai pas le câble adéquat pour les sortir.

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Commentaires
M
Merci pour le rappel historique... gardons les yeux ouverts... et on attend la suite du voyage.
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